top of page

La pièce

Sarajevo, 1995.

 

Huit adolescents se réveillent un matin, et la guerre n’est plus là.

Fini les bombes et les balles sifflantes des snipers; les nuits agitées et les jours sans soleil.

Ces jeunes que les balles ont rendus seuls se regroupent pour former un orphelinat autonome.

Ils s’organisent, ils apprennent à vivre en paix, à être adulte sans la guerre, qui leur a appris à ne plus être enfant. 

Ils évoluent avec fatigue et angoisse, avec humour, joie et espérance.

L'auteur

Acteur de formation, Fabrice Melquiot commença à écrire à la fin des années 90.

 

Ses textes, s’ils font échos à des réalités contemporaines, témoignent d’une intemporalité poétique et de la douceur des songes. La douceur et la simplicité de ses mots se heurtent avec la violence de ses récits à travers ses textes puissants.  

 

Fabrice Melquiot nous présente souvent de jeunes personnages, un peu à l’écart, que la vie a biscornu, mais qui évoluent le sourire aux lèvres et les yeux plein d'étincelles. 

 

Il désire lier directement son écriture à la scène, et travaille donc étroitement avec des théâtres et des metteurs en scène. 

Traduit désormais dans une douzaine de langues et plusieurs fois récompensé pour son travail, notamment par le prix théâtre de l’Académie Française en 2008, Fabrice Melquiot avec ses mots doucement rêches et sa langue torturée par le rêve, est l’un des grands noms de l’écriture contemporaine française.

Les intentions

En 2017, Laurent Van der Stock, un photographe belge, a pris une photo à Mossoul, dans la cour d’une maison. Une image un peu terne, le cadre n’est pas droit. On y voit la façade beige et salie, d’une maison irakienne en béton. Une petite fille est plaquée contre le mur, les bras écartés de surprise et la bouche tordue par la peur. Elle regarde fixement l’objectif.

Cette photo nous terrasse. Non pas de pitié, de tristesse et de larmes, les larmes sèchent. Mais parce qu’elle nous pose la question de notre propre action. Devant cette petite fille et son regard qui plonge, nous voulons faire un geste, dire un mot, agir, nous, spectateurs de cette œuvre, nous nous révoltons contre notre statut, nous voulons être des acteurs.

Prendre une mitraillette, un casque bleu et partir en Irak ? Non, juste se lever, prendre la parole, serrer une main ou sourire. Être actif, ne pas laisser glisser.

 

C’est pour cela qu’au moment de choisir une œuvre pour la porter sur un plateau nous devons nous demander, même nous, amateurs, petits saltimbanques du vaste monde théâtral, pourquoi nous le montons.

Le comment n’est pas vraiment intéressant, il viendra avec le temps, c’est un travail d’artisan. Mais notre travail d’homme, c’est de savoir pourquoi nous voulons prendre la parole, d’y éprouver une nécessité.

Dans notre vie où les mots fusent, virevoltent et trichent, le théâtre doit être le lieu de la parole pesée et habitée. Il faut être acteur.

 

Et nous avons eu envie de l’être en lisant Kids, car la manière qu’a Fabrice Melquiot d’aborder la guerre de Yougoslavie du côté des êtres et de la suggestion nous a ébranlé. Nous devinons les souffrances, nous apercevons de loin les tensions religieuses et politiques ; mais tout nous est présenté par le biais de ces jeunes malmenés par la vie. La violence, enfouie sous leur bienveillance, leur joie et leur humour, nous rattrape, quelque fois, avec une vigueur décuplée.

C’est une invitation, non à une idéologie ou à une pensée politique, mais à un regard plus doux, humain, sur les actualités de notre monde. Un regard qui fait que la guerre de Yougoslavie devient n’importe quelle guerre, que Sead, Admira, Stipan, Josip, Refka, Bosko et Nada nous parle de jeunes plongés dans la bêtise des autres, qu’il soit à Mossoul, à Alep, en Birmanie, au Yémen, ou ailleurs. Nécessité d’avoir ce regard.

                                                                        

                                                                        Baptiste Jeancourt-Galignani, 

                                                                                    et toute l’équipe du projet.

bottom of page